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Pérou - 13 au 30 Mai 2007


Le 24 Mai 2007

Embarquement à huit heures pour les Ouros.

Les Ouros sont des îlots artificiels faits de roseaux, sur lesquels vivent environ 2500 personnes, de chasse, de pèche et autres produits du lac Titicaca.
Le tourisme leur apporte en outre la possibilité d'écouler leur fabrication artisanale.

Les couches de roseaux ajoutés régulièrement sur la surface des îlots ont fini par créer une épaisseur résistante de plusieurs mètres qui assure une parfaite sécurité et une flottaison sans risque.
On se demande néanmoins, voyant évoluer de très jeunes enfants sans surveillance ou presque, si les risques d'accident sont totalement exclus.

Certains pourront regretter que les habitants des Ouros se soient pliés aux règles du mercantilisme, transformant l'ensemble des îlots en un vaste marché à touristes, au détriment de l'authenticité des lieux.
On peut répondre que c'est l'appât du gain qui amène les îliens à accepter les visites et que celles-ci seraient sans doute compromises si cette manne n'existait pas.
Il est vrai que l'aspect général des îlots, de leurs habitants et habitations fait un peu trop net pour être vrai. Un peu plus de naturel ne nuirait pas.
Les habitations, flambant neuf, sont reconstruites une à deux fois par mois, pour éviter le pourrissement dû à l'humidité.
Il en résulte que l'ensemble ressemble davantage à un décor de théâtre qu'à un village de pêcheurs.

Ne boudons pas notre plaisir. Evoluer sur cette surface mouvante est un peu déstabilisant au départ, mais nous nous y accoutumons bien vite et cela fini par devenir amusant. Et l'accueil est chaleureux.
Là aussi, la femme assume tout. Les hommes ne sont pas visibles, peut-être sont-ils à la pêche ?

A chaque bateau de touristes son îlot, on ne se mélange pas. Un type juché sur un mirador en bambou assure la juste répartition.
Astucieux, car en quelques instants, nous avons l'impression de nous retrouver en famille, elles ne s'occupent que de nous.
Deux femmes sont assises devant un four de terre, occupées à faire frire de délicieux beignets qu'elles viendront ensuite nous offrir.

Nous visitons une case : une paillasse, un entassement de couvertures et d'objets divers et une télé noir et blanc allumée dans un coin, preuve que la civilisation a déjà laissé ici son empreinte.

Sur ce qui pourrait être appelé la place centrale de cet îlot, plusieurs étalages de bijoux fantaisie. Nous comprenons que chaque îlot est une communauté représentée par plusieurs familles et que pour être agréables à toutes, nous devons répartir nos achats entre elles.
L'occasion de rapporter encore quelques petits souvenirs.

Effusions du départ, comme si nous quittions la tante Adèle pour une durée indéterminée.
Nous réembarquons, marqués par l'originalité de cette visite.
Nous avons marché sur le lac Titicaca !
On nous regarde partir en agitant les bras.

Le bateau se faufile entre deux rangées de roseaux. Sur la rive, une large bande d'algues vertes nous rappelle que la pollution n'a pas de frontière.

Un autre site mythique nous attend : Tiahuanaco !

Situé en territoire bolivien, cet endroit nous surprend à plus d'un titre.
Après un déjeuner dans l'unique restaurant du lieu situé tout près de l'entrée du site, nous nous y rendons et assistons à une mini cérémonie offerte par notre guide Juanita qui a emporté le reste d'une bouteille de vin et le répand sur le sol en guise d'offrande au Dieu Soleil.
Du si bon vin !...

L'endroit est désert, ou plutôt vide de touristes, pourquoi s'en plaindre, la place est à nous.
Le mystère ici aussi, plane sur les ruines.
Pas de montagne ou de site rocheux à proximité qui puisse expliquer l'origine de ces pierres dont l'important monolithe qu'est la porte du soleil.
Pas de date précise quant à l'origine de cette cité que le journaliste français Roger Delorme « redécouvre » en 1958. Le site est alors un champ de ruines laissé à l'abandon.

Si quelques rares bâtiments ont été mis à jour et rénovés, parfois même un peu trop car des pans entiers de murs sont « neufs », l'ensemble du site ne parait pas faire l'objet de l'attention qu'on pourrait attendre compte tenu de l'importance historique de l'endroit.
Quelques monticules de terre sont actuellement l'objet de fouilles, utilisant la main d'œuvre locale qui semble disposer de moyens rudimentaires.
On peut imaginer que de nombreux vestiges sont encore à découvrir et l'on reste un peu sur sa faim.

La porte du Soleil elle-même, sans doute un peu trop sublimée par les nombreux écrits dont elle a fait l'objet, nous a déçus par sa taille modeste. Il n'en demeure pas moins qu'elle garde, ainsi que ses graphismes objets de toutes les interprétations, tout son mystère.
Le monolithe est entouré d'un grillage inesthétique qui en interdit l'accès et ne facilite pas les prises de vues.

J'attendais beaucoup de cette visite et comme l'ensemble du groupe, je suis un peu déçu, même si la contemplation de ces vestiges est, à elle seule, un évènement important.
On a tout de même l'impression que les nombreux écrits consacrés au sujet ne sont pas en adéquation avec l'intérêt que les autorités concernées y attachent. Ce lieu ne semble pas leur priorité, on ne peut que le regretter.

Au passage de la frontière bolivienne, les services de contrôle s'amusent un peu à nos dépens, prétendant que notre visa de vingt quatre heures doit arriver à son terme avant que nous puissions rentrer au Pérou. Nous ne serions pas restés assez longtemps…
Le chef, en tenue militaire, avachi dans son fauteuil, nous toise d'un air narquois sous le regard amusé de deux acolytes plantés de part et d'autre de son bureau.

Après un bon quart d'heure de ce jeu empreint d'un humour débridé, ils condescendent à nous laisser repartir.

Retour à Puno où nous dénichons un excellent restaurant qui aura vite raison de ces petites contrariétés.