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Pérou - 13 au 30 Mai 2007


Le 15 Mai 2007

Nous montons à bord d'un autocar, destination Ica, à trois heures et demie de route.

Il faut savoir qu'au Pérou, l'indication du temps n'est souvent qu'approximative et peut varier dans des proportions insoupçonnées.
Il suffit qu'une grève se déclenche, ou tout simplement que le chauffeur ressente une petite faim et décide de faire une halte casse-croûte ; nous l'avons vécu. C'est aussi ce qui ajoute du sel aux souvenirs.

Il est 9 heures du matin, le temps est magnifique.
Ivane, notre conseillère météo, nous recommande vivement crème solaire, chapeaux et lunettes de soleil.
Peu fervent des lunettes solaires, qui ont l'inconvénient de modifier les couleurs et donc peu pratiques pour la photo, j'achète deux chapeaux !

C'est le moment que choisit François, hissé au rang d'humoriste du groupe, pour nous plaquer son dicton du jour : " Pisco du matin n'arrête pas le pèlerin ! "
Quand je parle de plaquer, il me revient que son esprit en pleine effervescence nous a aussi gratifiés d'un : " tous en forme, Ica ! "
Que les lecteurs me pardonnent, mais il est des circonstances où il faut être bon public. L'harmonie d'un groupe est à ce prix. Dans ce même esprit de solidarité, il y a aussi celle de Daniel sur la flûte de Pan; je la garde pour la bonne bouche !.. si je puis m'exprimer ainsi.

Notre hôtel à Ica ressemble à ces motels que l'on peut voir dans les road movies américains, comme "Thelma et Louise". Il s'appelle "El Huarango".
Une piscine fait face à l'entrée du patio où se trouvent les chambres, de plain-pied. Le bureau d'accueil est à l'air libre, au bord de la piscine.

Après un déjeuner qui nous rappelle encore vaguement notre cuisine traditionnelle, nous partons à l'assaut du petit mais captivant musée régional d'Ica. Intéressant par ses magnifiques textiles et ses céramiques de la période Nazca.
Malheureusement, un vol de textile de grande valeur a amené la direction, par prudence, à interdire les photos.
Jean Pierre, en chef avisé, me suggère de rester à l'écart pour prendre quelques clichés.
Hélas, les vitrines ne sont pas éclairées, c'est très compromis.
Près de la sortie, une lumière diffuse me permet toutefois de fixer une momie hors du regard du surveillant. Elle agrémentera mon récit, malgré les reflets de la vitrine.
Les crânes présentés dans ce musée portent des traces d'opérations chirurgicales et de trépanations.
Certains crânes sont démesurément allongés. C'est le résultat d'une déformation volontaire dès le plus jeune âge, destinée à marquer la différence de classe sociale.
A la sortie, une maquette représentant les lignes de Nazca nous donne un avant-goût de cette énigme qui a fait couler beaucoup d'encre et soulevé les hypothèses les plus folles.

Nous regagnons le centre ville après avoir assouvi nos premiers fantasmes de consommateurs invétérés par un détour sur les hauteurs d'Ica, où de jeunes artisans tentent d'écouler leurs bijoux d'inspiration locale.
Nous faisons nos premiers pas de marchandeurs, discipline qui s'affinera au fil des jours.

Nous allons visiter la maison du Dr Javier Cabrera. Cette maison est devenue un musée qui abrite une collection impressionnante de pierres, sur lesquelles figurent des dessins étranges. Elles sont connues sous le nom de « pierres d'Ica » ou encore glyptolithes .
L'histoire qu'elles racontent n'est pas banale et continue de soulever des polémiques.
Elles seraient au nombre de 15 000 dont 11 000 font partie de la collection du Dr Cabrera.
Il a passé trente années de sa vie à tenter d'en déchiffrer le mystère.
Elles auraient été découvertes par un fermier lors de l'affaissement d'une grotte à la suite d'une crue de la rivière Ica.
Condamné à la prison pour détournement du patrimoine national car il avait entrepris de les vendre, le paysan se rétracta en disant qu'il les avait gravées lui-même.
On peut alors se demander comment ce personnage illettré a pu graver ces scènes d'opérations chirurgicales complexes comme des transplantations cardiaques ou même de cerveau, de cartes stellaires précises et de télescopes, ou l'annonce de catastrophes planétaires qui ne manquent pas de faire penser aux prophéties de Nostradamus.
Sans compter que sa vie entière n'aurait pas suffi à accomplir ce travail.

Le mystère reste donc total. Qui a gravé ces pierres ? S'agit-il d'une énorme supercherie ou d'un authentique témoignage d'une époque inconnue ?

Nous nous extirpons du bureau exigu du Dr Cabrera, resté en l'état depuis le décès de ce dernier en 2001.

Nous embarquons dans notre minibus à destination de l'oasis de Huacachina.
Un tout petit lac entouré de dunes de sable blond qui sont parmi les plus hautes du monde. Planté d'une végétation luxuriante de tamaris, de palmiers et d'eucalyptus, cet endroit est enchanteur et baigné de la belle lumière dorée du crépuscule.
Un surfeur courageux gravit la pente pour se laisser glisser jusqu'au bord de la lagune.
Un établissement thermal a été construit en bordure du lac. Les palmiers dressent leurs longues silhouettes qui projettent leur reflet courbé dans l'eau calme.
Je fais quelques photos à la hâte, un peu dans la précipitation car ici, la nuit tombe si rapidement que l'on passe du grand soleil au crépuscule en une demi-heure à peine.
Il faudra que j'y revienne, la lumière ocre a déjà laissé la place à la nuit fraîche.
Trop tard pour les photos. Dommage.
La dune s'endort paisiblement…